Un redémarrage réussi

Le plan consistait principalement à offrir un environnement de travail sûr aux employés – la condition requise par les autorités locales pour continuer les opérations durant la pandémie, comme le précise Wang. Il était important d’avoir un stock suffisant d’équipements de protection individuelle comme les masques, les gants en plastique ou encore les lunettes de protection ; de mettre en place des zones de quarantaine d’urgence et de mesurer régulièrement la température des employés. Des règles de distanciation sociale strictes ont également été adoptées. Les employés devaient par exemple faire leur pause-déjeuner en petits groupes séparés.

Cinq équipes se départageant le travail ont été formées. Wang a supervisé trois d’entre elles. Les autorités locales ont effectué au total six visites de contrôle sur le site afin de s’assurer que toutes les mesures avaient bien été mises en place avant que les employés ne reviennent au travail après la période de congé.

« Nous avons pu bénéficier d’une grande aide pour acquérir des équipements de protection individuelle alors que le marché souffrait d’une pénurie généralisée. Les autorités nous ont transmis des contacts directs avec les fabricants et nous avons pu acheter les produits à des prix raisonnables. Nos collègues de Suisse nous ont également envoyé des masques. Depuis le début de la pandémie, nous avons toujours assez de produit désinfectant en stock pour effectuer le nettoyage obligatoire toutes les deux heures », rapporte Wang.

La réouverture du site n’a été que la première étape. À partir du 10 février, il n’y a eu que très peu de commandes du fait d’interruptions de la chaîne d’approvisionnement et de chocs de demande. Afin de préserver les emplois et de conserver des capacités de production pour plus tard, près de 25 % des employés du site ont été mis en congé en février et mars. Afin d’atténuer les conséquences financières de cette mesure pour les employés concernés, l’entreprise leur a accordé sept jours de congés payés et a également suspendu le paiement des loyers de ceux qui vivent dans la résidence appartenant à GF.

Le gouvernement a également agi et a versé une indemnité aux employés mis en congé afin de leur assurer un revenu minimum. Wang rapporte que les autorités ont pris d’autres mesures pour aider financièrement l’entreprise. Elles ont par exemple exonéré l’entreprise des cotisations sociales, ont mis en place des décharges de loyer et ont proposé des subventions spéciales pour lutter contre la pandémie. « Nous avons toujours eu de bonnes relations avec les autorités mais j’ai tout de même été surpris par leur prévenance durant la pandémie », ajoute-t-il.

Lorsque la propagation du virus a été peu à peu maîtrisée, début mai, tous les employés ont pu retourner au travail. Wang précise qu’à la mi-juin GF Machining Solutions à Pékin avait presque à nouveau atteint le niveau de production normal. Beaucoup de mesures de protection liées à la crise demeurent néanmoins : les employés continuent de porter des masques et de maintenir une distance de sécurité avec les autres au travail, et leur état de santé est régulièrement contrôlé. Tandis que le retour à la normale est bien là sur certains aspects, ces mesures sanitaires spécifiques se poursuivront jusqu’à nouvel ordre.

L’usine de Pékin, qui compte 230 employés, fournit des clients issus de l’industrie automobile ainsi que des constructeurs de composants industriels et électroniques grand public. Normalement, environ la moitié de tous les produits sont exportés, mais du fait de la propagation du virus dans le monde les marchandises sont restées dans les entrepôts. Avec la reprise progressive de l’économie chinoise, l’usine espère que les ventes effectuées sur le marché local aideront à combler les pertes liées aux exportations. En avril et en mai, la création de valeur industrielle du pays a augmenté respectivement de 5,4 % et 5,0 % par rapport à l’année passée et les chiffres d’affaires concernant les produits de consommation ont connu une hausse de respectivement 7,2 % et 8,6 %. Les prix des produits ont encore chancelé et ont augmenté sur ces deux mois de seulement 0,9 % et 0,6 %, comme le montrent les statistiques officielles.

Wang salue les responsables du site de Pékin pour leur réaction efficace et rapide face à la crise et pour le concept de prévention qu’ils ont créé et qui a permis à l’entreprise de continuer à fonctionner et d’atteindre ses objectifs. Actuellement, le virus est largement sous contrôle en Chine, mais il pourrait ressurgir et avoir un impact considérable sur l’entreprise. Le 21 juin, plusieurs cas de Covid-19 ont été détectés au sein de l’usine pékinoise d’un important fabricant de boissons – la production a dû être mise à l’arrêt et les produits ont aussitôt été retirés de la vente pour éviter tout risque de contamination des consommateurs.

Ces cas étaient le signe d’une nouvelle propagation qui a tenu en haleine des millions de personnes à Pékin. Fin juin, la ville rapportait chaque jour une dizaine de nouveaux cas. Selon Wang, le concept de prévention mis en place chez GF Machining Solutions fonctionnait encore parfaitement bien. « Nous avons tout de suite retrouvé les employés susceptibles d’avoir fréquenté une zone à haut risque de la ville et les avons placés en télétravail afin de ne pas mettre en danger la production », explique-t-il.

Wang espère que le monde pourra venir à bout de cette pandémie. Il est convaincu que l’entreprise pourra retrouver son rythme de croissance normal dès que le virus sera totalement sous contrôle. « Tout ce que l’on a appris durant la lutte contre cette pandémie nous sera à tous très utile à l’avenir », conclut-il.